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SOMBRE PARENTHÈSE La fin de la guerre
LA FIN DE LA GUERRE
Le 18 avril 1945, Victor de Toledo décède. Cet homme entreprenant, au caractère aimable et à l’esprit créatif, aura été pendant trente-trois ans l’inspirateur de l’affaire qu’il a fondée avec ses deux frères et son cousin. Il était également une personnalité publique, fortement engagée dans la vie civique et politique genevoise. Membre du parti radical, il en connaissait toutes les grandes figures qu’il invitait régulièrement chez lui. Adrien Lachenal, conseiller d’Etat fut son avocat, comme Hermann Dutoit, le père d’un futur conseiller d’Etat, Jean Dutoit, lui aussi avocat. A cette époque, le parti radical apparait encore comme un parti centriste, qui évolue vers le centredroit jusqu’à, en 1936, prendre la tête de l’Entente nationale créée pour lutter contre le gouvernement «rouge» de Léon Nicole. Il s’oppose aux tendances xénophobes, antisémites et antimaçonniques des partis de droite, voire d’extrême-droite. Par ses origines et ses affinités, Victor de Toledo a trouvé un havre naturel chez les radicaux genevois. Passionné de politique genevoise, il emmenait régulièrement son fils Jean assister aux résultats des élections à «la boîte à gifle», l’ancien bâtiment électoral. Il aurait aimé devenir député, sans y parvenir. En revanche, il prédit avec justesse que son fils serait un jour élu sur la liste radicale. Il n’avait sans doute pas imaginé que son petit-fils, Jean-Philippe, né après son décès, le serait également. La personnalité de Victor de Toledo avait quelque peu fait de l’ombre à ses deux frères. Petit à petit, à l’entente cordiale du début avaient succédé des relations plus distantes dues aux choix de vie, aux appartenances religieuses et aux intérêts très différents que les trois frères avaient développés en prenant de l’âge. Victor, qui en s’installant à Genève avait trouvé le pays et la ville qui lui convenaient, souhaitait avant tout s’intégrer dans la société genevoise. Il s’était, durant les dernières années de sa vie, un peu éloigné de la Pharmacie Principale, cédant la place à son fils Jean. Grâce à Sam Mori qui savait « mettre de l’huile dans les rouages », la Pharmacie Principale a réussi à prospérer durant l’entre-deux-guerres et à se maintenir pendant la guerre. Le modèle commercial de la première génération ne va vraiment changer qu’en 1952, avec l’abandon de la vente par correspondance et du catalogue général ainsi qu’avec l’arrivée aux commandes des cousins de la deuxième génération.
Victor de Toledo (18781945), pharmacien et initiateur de la Pharmacie Principale qu’il réalisera avec ses frères Henri et Albert de Toledo et son cousin Sam Mori. Francophile, radical convaincu, il s’impliquera dans la vie économique, politique et sociale de Genève avec enthousiasme et passion. Avec Sam Mori, il allait régulièrement servir des repas aux enfants des écoles primaires dans ce qui s’appelait les cuisines scolaires.
Page de droite: publicité pour le Sirop Riza contre la toux dans le catalogue général de la Pharmacie Principale, années 30.
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