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Souvenirs de plus d’un demi-siècle passé à la Pharmacie Principale ANNEXE I
logée dans son standard au premier étage, connaissait tous les numéros par cœur, c’était un vrai bottin. Nous avions un groupe d’artisans: Rosset, menuisier, plus tard Manini, un certain Jules Moret et notre peintre Fritz Baumann, artiste à ses loisirs. Pendant la mobilisation, il peignait les fortins du Général Guisan. Monsieur Forney a laissé son empreinte à la PP, c’est le fondateur du rayon optique, une pierre blanche de la maison.
J’ai beaucoup appris avec lui. Le matin, il cassait la croûte, pain et fromage ; il aimait aussi le Montricher et le petit blanc de Chardonne. Entre-temps, j’ai fait un stage aux ordonnances sous la houlette de Monsieur Schmuckli [caricature de Pellos, 1937] avec, comme ancien, Charles Cerutti venu des concurrents, la Grande Pharmacie Economique; il a retroussé ses manches avec le patron Monsieur Victor de Toledo. Il y avait aussi le père Antoine qui m’a soigné une main brûlée comme un toubib, Louis Tournier calme et minutieux, Devaud le gymnaste de Jussy, plus tard nous avons eu Demikely, sans oublier Godinot. Il y avait énormément de préparations prescrites par les médecins. Quand je pense aux milliers de spécialités d’aujourd’hui...
À LA DROGUERIE, NOUS ÉTIONS TOUJOURS UNE BONNE ÉQUIPE
Un jour, le chef du magasin, Monsieur Jacobs m’a embarqué à son service, au laboratoire de la droguerie
PP - l’équipe de la droguerie en 1957: de gauche à droite, Gilbert Veyrat, Charly Renevey, André Collet, Louis Roth, Roger Beyler et Jules Oyfer.
avec l’équipe Roth, Vuille, Peyer et Oyfer; plus loin se trouvaient les pharmaciens: Sappino, Pesse, Strasburger, Martin, etc. Donc, me voilà dans une nouvelle situation, maniant les liquides, poudres, acides et pommades, plus un grand bocal avec des dizaines de sangsues. Souvent, les médecins prescrivaient ces bestioles pour des gens trop sanguins; on les vendait dans un flacon poudrier avec un coton humide, fermé par un bouchon percé et muni d’une gaze. Tous les matins, j’allais à la cave des ordonnances faire mes remplissages. Elle était tenue par un bon Vaudois à grande moustache, Monsieur Genton, Paul pour les copains : tout était propre et bien en ordre.
Bon, mais voilà qu’un jour, Monsieur Jacobs est revenu me chercher pour son laboratoire de la droguerie. Nous avions de grosses citernes contenant des centaines de litres d’alcool pur, ça se vendait par 50 et même 100 litres. On pompait tout à la main. C’était notre ami Cauderay qui nous livrait les fûts de 200 litres par camion
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