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XXe SIÈCLE L’immédiat après-guerre et les Trente Glorieuses
À GENÈVE
rencontre des Quatre Grands: Dwight Eisenhower, Anthony Eden, Edgar Faure et le maréchal Nicolaï Boulganine. A cette occasion, la ville a tenu, une nouvelle fois, le rôle qu’elle avait porté si haut durant l’entre-deux-guerres. Du point de vue économique, Genève connaît même des périodes de surchauffe. Tandis que la rue du Rhône se voue progressivement au commerce de luxe, le commerce indépendant, en particulier l’alimentation, voit sa part diminuer au profit des grandes sociétés coopératives de consommation que sont Coop et Migros. Les grands magasins des Rues-Basses connaissent des difficultés dues en partie au problème d’accès du centre-ville. Le manque de places de stationnement, l’encombrement des rues et les embarras de circulation conduisent de plus en plus les Genevois à privilégier les centres commerciaux périphériques où l’on peut à la fois faire ses courses, charger et décharger son véhicule facilement, mener des activités sportives ou de loisirs, le tout en un seul endroit. Les commodités offertes par des centres commerciaux comme Balexert, favorisent l’apparition de concepts nouveaux pour des commerces encore traditionnels. Les Trente Glorieuses peuvent se diviser en deux périodes d’une quinzaine d’années chacune. De 1945 à 1960, on connaît une croissance saine. Un développement régulier et mesuré touche tous les secteurs de l’économie et l’inflation demeure maîtrisée. En quelques années, le plein emploi est devenu la norme, contrairement aux années précédentes et à celles qui vont suivre. Le niveau de vie ne cesse d’augmenter en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui exerce une pression à la hausse sur les salaires. Comme le disait un historien : «A l’époque pourtant, on ne se berce pas d’illusions. La génération au pouvoir, marquée par la crise des années 30, n’imagine pas que la haute conjoncture puisse être autre chose que passagère.» On imagine qu’elle cessera dès que les pays voisins auront terminé leur reconstruction. C’est le contraire qui va se produire. On peut dire qu’entre 1960 et 1974, la croissance va s’emballer au point que les autorités vont la juger excessive. Du coup, la scène politique s’agite autour de thèmes tels que la surpopulation étrangère, l’urbanisation galopante ou la spéculation foncière. Dès 1965, l’inflation atteint presque les 5%, dépasse ce chiffre en 1970 pour atteindre un record de 11,9% en 1973 (indice des prix à la consommation). C’est l’époque où l’on pratique une politique du franc fort pour décourager l’afflux de capitaux étrangers (1971), menée conjointement avec des mesures drastiques contre la surchauffe. L’effondrement du système monétaire international fondé sur les accords de Bretton Woods et la crise pétrolière marquent la fin des Trente Glorieuses.
Conférence des Quatre Grands, en 1955, au Palais des Nations. De gauche à droite, le maréchal soviétique Boulganine, le président américain Eisenhower, Edgar Faure président du Conseil des ministres de la IVe République française et Anthony Eden premier ministre britannique.
Centre commercial de Balexert sur la rive droite, façade du parking, 1968.
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