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ANNEXE I Souvenirs de plus d’un demi-siècle passé à la Pharmacie Principale
Intérieurs du magasin de la PP, années 50.
de Sécheron, et ensuite on les transportait sur un diable pour traverser le magasin; on devait même pousser le comptoir pour créer le passage. Contrôle: un doigt dans le tonneau, un petit peu sur la langue, c’était le meilleur test avant la vidange. Nous avions un costaud qui s’occupait de notre ravitaillement. C’était notre ami Fritz, de Sumiswald, Berne. Il nous siphonnait l’huile de foie de morue vétérinaire avec un long tuyau. On vendait ça par quantités de 5 et 10 litres. Tous les jeudis, nous avions un client qui venait avec son estagnon à remplir de 10 litres d’alcali, c’était à s’étouffer. Un jour, le patron Monsieur Henri de Toledo fit une remontrance à Fritz. La réplique a été un peu sèche. Sans l’intervention de Monsieur Jacobs il aurait perdu sa place. Il était musicien et faisant partie de la fanfare La Lyre et jamais on ne lui a refusé sa participation au cortège du 1er mai ou à celui des promotions. A la droguerie, nous étions toujours une bonne équipe. Le jeudi matin nous faisions des paris à celui qui devinerait le nombre de clients de la journée. Nous mettions un franc chacun et celui qui était le plus près du nombre emportait la caisse. Nous avions comme caissière Hélène Marton, plus une dactylo des expéditions et deux personnes au labo: Marius Bacri et le père Collet. Un jeudi de grande affluence, Monsieur Jacobs me prend par l’épaule et me dit: «André va servir» mettant
la main sur la caisse, il ajoute: «C’est ça qui compte». Cela a été le point de départ de près d’un demi-siècle de vente. Nous avions seulement trois sortes de lessives: Radion, Persil et Floris. Les machines à laver n’étaient pas encore à la mode et l’on vendait beaucoup de produits au détail. C’était encore la guerre et les savons s’achetaient contre des coupons de rationnement. On mettait des timbres de 10% de supplément pour ce qui était considéré comme luxe, par exemple l’eau de Cologne. Il n’y avait pas encore de sacs en plastique, mais du papier et de la ficelle, plus tard, on a eu de l’autocollant. A l’époque, les promotions enfantines avaient un grand succès populaire. Tout le personnel était aux fenêtres ou devant le magasin pour admirer le cortège; sitôt terminé, c’était la «charge héroïque», les comptoirs étaient noyés par les clients. La mode commençait, pour les dames, de venir en pantalon à la vente. Rien de ça à la PP, en jupe ou robe ! Aujourd’hui, quand on y pense, c’est à peine croyable. Mais revenons à la Droguerie: ce fut le premier rayon à avoir des caisses enregistreuses et le premier à être mis en demi self-service. La Droguerie a fait le tour du magasin: d’abord au rez-de-chaussée, ensuite au premier étage – ce qui lui a donné de l’animation – pour redescendre, en 1985, au rez-de-chaussée et fonctionner avec le rayon diététique.
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