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EXPANSION Un débat autour de la loi sur les professions médicales
ciens individuels ont essayé de lutter. Le Tribunal Fédéral leur a déclaré que le droit de la Pharmacie Populaire sous forme de coopérative était absolument indiscutable [...]. Les murs de Genève ont retenti des luttes homériques entre pharmaciens.» Adrien Lachenal fait ici allusion aux combats entre la Grande Pharmacie Economique SA et la Pharmacie Principale, il ajoute que l’évolution de la pharmacie vers le gigantisme lui semble inéluctable: «D’ici une cinquantaine d’années, nous ne connaîtrons plus que des pharmacies qui exploiteront par immeubles entier. A ce moment, ce n’est pas un pharmacien que vous aurez et devrez avoir dans l’immeuble, c’est quarante ou cinquante commis pharmaciens diplômés.» Les parlementaires semblent surtout s’inquiéter de la pratique des prête-noms qui permet à un pharmacien non-diplômé d’officier sous le couvert d’un pharmacien diplômé, souvent âgé et qui ne met plus les pieds dans la pharmacie. Finalement la loi sur les professions médicales sera votée le 17 décembre 1926, près de cinq ans après sa première présentation. Mais les débats auront permis de mieux comprendre les enjeux posés par l’évolution de la profession de pharmacien.
Adrien Lachenal, fils du conseiller fédéral du même nom, éminent avocat d’affaires et ami de Victor de Toledo, qui fut conseiller national et conseiller d’Etat de 1936 à 1945. Il fut l’un des principaux artisans de l’Entente nationale qui renversa le Gouvernement rouge de Léon Nicole. Il présida aussi, durant de nombreuses années, le Touring Club Suisse.
À GENÈVE
VENTE PAR CORRESPONDANCE : LES CATALOGUES
Pendant que le débat sur les professions médicales se poursuit au Grand Conseil, la Pharmacie Principale continue son essor. On l’a vu, le modèle moderne proposé par les frères de Toledo se situe dans la continuation de celui de la Pharmacie Canonne. D’origine lilloise, Henri Canonne s’installe à Paris en 1899. Il utilise des méthodes très avancées en matière de marketing et innove déjà dans le choix de l’emplacement de sa pharmacie puisqu’il prend en compte, en la mesurant, la fréquentation de la rue sélectionnée. A Genève, la Pharmacie Principale, faute d’avoir la population de Paris a eu l’idée originale de vendre sur catalogue et dans toute la Suisse. Bien sûr, de grandes maisons pratiquent déjà la vente par catalogue telle, par exemple, Manufrance (la Manufacture Française d’Armes et Cycles de Saint-Etienne). Ce système de vente par correspondance connaît, dès la fin du XIXe siècle, une formidable expansion, grâce notamment à un service postal efficace. C’est l’époque, qui semble aujourd’hui irréelle, où le service public n’hésite pas à offrir à ses clients quatre à cinq distributions par jour ; un journal comme la Neue Zürcher Zeitung met à disposition de ses abonnés trois éditions quotidiennes.
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